Note de lecture

Filippo De Pisis, Mais un peu de ta grâce, traduction Franck Merger, Alidades Bilingues, par Karim De Broucker

Filippo De Pisis, Mais un peu de ta grâce / ma un po’ della tua grazia (édition bilingue français/italien), traduit de l’italien par Franck Merger.
Alidades Bilingues, juin 2023, 44 pp., 6€

Depuis les rives du lac d’Annecy, où est sise la maison d’édition Alidades, un bien joli papillon s’est venu poser sur le bord de nos mains : un choix de poèmes de Filippo de Pisis (1896-1956), d’ordinaire mieux connu comme peintre. Avec le farfalla Filippo de Pisis partage les sonorités voletantes de son nom, mais aussi, pourrait-on dire la fébrilité de mouvement : à la lecture de ces poèmes, nous voici en effet mis en présence d’un être délicat, manifestement fragile et instable, anxieux butineur de petites joies que peut lui offrir l’existence et nées, pour bon nombre d’entre elles, de choses simplement vues, senties, captées : la tendresse que dégage un jeune ménage à l’église (« L’angelot », p. 15), un admirable autoportrait en peintre dans sa chambre d’hôtel (« Fragments », p. 25) ; la « grâce » précisément — dans le vers qui a donné son titre au recueil — demeurée dans le cœur de l’artiste suite à l’accueil trop fugace d’un jeune homme tout juste libéré de prison (« Bobby », p. 33).
Les traductions de Franck Merger rendent un timbre aérien, délicat, parfaitement ajusté à la voix de l’auteur : « […] mon cœur est léger / comme un papillon voletant au soleil. / Un ombre doucement de joie / le soulève et le gonfle » (« Instant », p 27) ; « Et au son magique de cette trompe / s’ouvrent peut-être les antiques tombes / dans cette nuit barbouillée de lune. » (« Baroque », p. 31).
L’ensemble est publié dans l’un de ces ravissants « livrets-pochettes » ciselés et pliés par Alidades et que l’on s’ouvre avec le sentiment d’avoir reçu une lettre personnellement adressée.
Une heureuse découverte donc, toute pleine du réconfort communicatif que donne la précieuse cueillette de ce mendiant de grâce qu’est Filippo de Pisis.

Karim De Broucker

 

François Bordes, Zone perdue, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Note de lectureComme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à...

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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