Note de lecture

Guillaume Métayer, Mains positives, éditions la rumeur libre, par Etienne Faure

On connaît Guillaume Métayer pour son  activité de traducteur qu’il mène de longue date avec passion et persévérance, en de nombreuses langues, de nombreuse voix centre-européennes, certes différentes et cependant étroitement voisines, géographiquement s’entend. C’est ainsi qu’il a traduit, parmi ses ouvrages récents, du poète et ami slovène Aleš Šteger, le magnifique « Au-delà du ciel sous la terre » paru dans la collection Du monde entier, éd. Gallimard, qui lui a valu le prix Alain Bosquet de la traduction.

On connaît peut-être un peu moins le poète qui vient de publier aux éditions la rumeur libre le recueil au titre énigmatique « Mains positives ». G. Métayer, qui avait précédemment rôdé du côté du poème en vers à forme fixe, nous offre cette fois-ci de petites proses claires, au tempo alerte. Les phrases souvent courtes s’agencent selon une syntaxe qui paraît simple, de prime abord, déployée souvent en sujet, verbe, complément, quelques incises, et peu de contournements, sans besoin de « défibrillateur » pour les lire, mais avec d’infimes et incessantes bifurcations du texte.

C’est donc dans l’art du choix des séquences -que constitue chaque phrase- que le poète excelle et conduit son poème à terme, dans un léger télescopage à résonance onirique ou surréaliste, entre autres. Des textes jamais ornementés ni crispés : la main est libre et souvent leste. On y trouve avec bonheur les multiples sujets qui font la vie et génèrent ces poèmes, tous lancés par une attaque ferme et douce à la fois. Et puis l’humour, compagnon fréquent et subtil. Le ton peut être grave, mais l’autodérision n’est pas loin : « Le temps de refroidissement des mots est inconnu. Et le deuil, notre dictionnaire favori. » On rit, on sourit. Un arrière-goût d’Europe Centrale qui, après traduction, serait resté dans les commissures ? La composition du recueil s’offre en  une succession de textes, sans partition ni enclosure particulière. Une présentation dont on ignore si elle est chronologique ou participe d’autres logiques internes. Elle a pour résultat le plain-pied et la mise à égalité de chaque texte. Voudrait-on  apercevoir une « courbe » qui partirait du poème Jeune, passerait par Caramel, L’original, Corps, Ascension, Sosie…pour se clore sur Platon ? La liste des titres consignés dans la Table est à elle seule une réponse, un mélange d’énigmes, de surprises, de révélations joyeuses dans un apparent pêle-mêle de lieux, de choses, d’instants, de situations, de scènes, triviales ou non, d’idées…Cette écriture singulière, comment la qualifier ? Le faut-il ? On ne voit pas toujours d’où les racines tirent une part de la sève. Sûrement un peu de l’au-delà des frontières franco-française. Et nous voilà d’accord avec l’auteur : « Je ne veux pas ouvrir un livre où je retrouve mes pensées ». Il y a une radicalité souriante dans ces textes vivants et drôles, graves et pesés, historiques, secrets, en deuil – et toujours une mise à distance certaine : « La vie se cultive en jachère, en alternance avec le poème.» Quelque chose qui  circule étonnamment. Un ravivant bonheur de lecture.

Etienne Faure

Gérard Macé, Silhouette parlante, éditions Gallimard, par Etienne Faure

Pour celles et ceux qui ont la chance de lire régulièrement Gérard Macé, c’est toujours le sourire aux lèvres qu’ils abordent un de ses nouveaux ouvrages. Car cette voix très distincte, distinguée, feutrée – et même féroce– nous a habitué à lire avec cette légère distance focale entre les lignes de la vie qu’il donne à voir sous forme d’essais, de notes, de déambulations, de colportages…

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François Bordes, Zone perdue, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Comme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à tire-d’aile…

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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