Note de lecture

Christophe Mahy, Au bout du compte, suivi de L’âme au large, Gallimard, par Étienne Faure

C’est en deux titres que le nouveau recueil de Christophe Mahy se présente : Au bout du compte, suivi de L’âme au large. Des titres qui s’apparenteraient de prime abord à un bilan et à un éloignement en périphérie de la vie, vers ses embouts : l’enfance et  la mort. La première partie s’annonce par des « Faux départs », organisée le plus souvent en textes longs et vers courts qui imposent dès le début un rythme immédiatement audible, où se reconnaît le ton de confidence un peu hésitante : « Ainsi c’est moi/et ce n’est pas moi/qui écris. » Des textes qui disent l’incertitude et la mise à distance : « Que le feu s’éteigne ou s’allume/peu importe/puisque rien ne demeure/de toute façon. »

Dès les premiers vers de l’ensemble éponyme « Au bout du compte », les textes, plus brefs dans leur forme, affirment une voix où perce semblablement une clairvoyance fataliste « Qu’importe le sort des arbres/et des routes ». Des poèmes là encore délestés de toute ponctuation, hormis le point final, et le plus souvent composés d’une seule phrase qui se distribue en vers courts, parfois d’un ou deux mots, donnant à la parole du poète un tempo lent. Les paysages, mentaux ou traversés, sont faits de forêts, de pairies, d’arbres, d’herbe, de marées, de fleuves, de nuages, de rivières, de flaques… Pour autant il ne s’agit pas pour Ch. Mahy de dire les saisons et les lieux, mais de « rejoindre /le feu éteint de l’enfance ».

L’âme au large, au cœur du recueil, se répartit entre « Faire mémoire », « Lignes de mire » et « habiter l’instant ». Des escales qui semblent ainsi saluer et faire écho, entre autres, à Y. Bonnefoy, cité en ouverture : « Nécessairement, je vais rencontrer une route. » La musique y est plus allante, l’éclaircie plus sensible, même si le pas demeure tout à son éloignement et à l’errance : « Aller n’est rien/c’est s’éloigner qui compte » et « Nous gagnons des forêts plus absentes/à mesure qu’on s’éloigne ». Une méditation en marche, donc, « sans pour autant atteindre/la moindre destination/et cela nous vaut désormais/ce goût de l’exil sans issue ». Un parcours qui dès la première page s’ouvre sur l’attente de «ce jour nouveau que nous attendions » et se referme avec« l’attente infinie au matin/d’une pluie de soleil », clôturant ce recueil où subtilement la voix patiente et doute : « nous écrivons en vain/un itinéraire qui se perd ».

Étienne Faure

François Bordes, Zone perdue, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Note de lectureComme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à...

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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