Note de lecture

Jacques Vincent, Mémographies, éditions Henry, par Etienne Faure

Notes de lectures Phoenix/Etienne Faure
Jacques Vincent, Mémographies (Roman), éditions Henry

Patiemment les éditions Henry dessinent un sillon où se déploie une belle lignée d’autrices et d’auteurs formant à ce jour un catalogue diversifié et rare. Pour qui veut voyager en poésie, la collection « La main aux poètes » est d’un format portatif de bon augure. En saisissant le petit volume de Jacques Vincent « Mémographies (Roman) » on trouve un recueil à sa main, en effet, comme un bel outil compact et adapté pour dire beaucoup en peu d’espace. Et voilà qu’on découvre un livre dense et concis annoncé également comme « roman ». Roman d’une vie assurément, déroulée en quelques étapes et quelques sous-titres qui en balisent le trajet écrit en vers libres. Un recueil sous le signe de la mémoire qui débute par « dans le creux du poème /le désir d’habiter » – et une citation du théorème de Pythagore –  et se termine par «  vous n’êtes pas prêt ? /Improvisez ». Entre deux, peut-être une vie, des vies que de multiples angles de vue révèlent ou réveillent. Mémographies. Né d’un télescopage, ce mot évoquerait l’examen attentif, une prospection et parfois une introspection, grâce à une même technique d’écho où la mémoire est à la fois moyen et objet de l’observation. Livrés avec minutie comme autant d’images, les textes, souvent courts, alternent entre imparfait, passé simple et présent, où se mêlent évocation et remémoration. Parmi les déclencheurs de cette mémoire, la photo est présente et sert de support à cette saisie du temps : « ils sont quatre sur la photo/quatre hommes debout dans le ventre du temps ». Il y a aussi ce vieux film de Cocteau et l’image qui persiste et ramène à « ces douceurs d’enfance ». Il y a un ancien carnet où fut noté le rêve « que m’avait confié/une inconnue dans une laverie ». Il y a une recette de soupe donnée par Marguerite Duras, des paquets de Gauloises bleues aux « attraits furtifs d’une rêverie », des souvenirs d’une conversation sur « la physique quantique », de la musique d’Erik Satie, un caillou dans la paume, conservé depuis des années : « ce caillou tient serré/je ne sais quel secret »… Ainsi s’écrit dans ce recueil, sans se départir d’un certain humour et par petites touches le « roman » où circulent « un rouge-gorge amical », « des personnages qui habitent le roman que je n’ai jamais écrit ». Voilà qui se précise : un roman « jamais écrit » mais plutôt vécu et finalement « dit » ici à la faveur de vers fluides et musicaux, sans ponctuation et proches du verbal, comme Jacques Vincent le fait souvent avec les textes des autres qu’il lit en public, accompagné des musiciens de 30’ d’Insomnie à qui l’ouvrage est dédié. Le recueil (ou roman) s’organise en sous-titres tout droit sortis en effet du vocabulaire narratif souvent porté par l’oralité : Alors ; Cependant ; Mais ; D’ailleurs ; Pourtant. Et un Épilogue. Ce dernier, de l’indication de l’auteur, est extrait d’une publication intitulée « Coulisses ». De quoi glisser et osciller du poème au roman, du roman à la pièce de théâtre dans ce recueil où se succèdent d’infimes scènes de la vie quotidienne, les mille angles de vies humaines rencontrées. « Le rideau va s’ouvrir ». Puis retour au triangle de Pythagore et au poème, son angle droit « comme les mots/qui font tout exister/en l’absence de tout/comme les mots ».

Gérard Macé, Silhouette parlante, éditions Gallimard, par Etienne Faure

Pour celles et ceux qui ont la chance de lire régulièrement Gérard Macé, c’est toujours le sourire aux lèvres qu’ils abordent un de ses nouveaux ouvrages. Car cette voix très distincte, distinguée, feutrée – et même féroce– nous a habitué à lire avec cette légère distance focale entre les lignes de la vie qu’il donne à voir sous forme d’essais, de notes, de déambulations, de colportages…

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François Bordes, Zone perdue, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Comme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à tire-d’aile…

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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