Note de lecture
Luis Mizon, par Sylvestre Clancier
La vérité bleue, rieuse et généreuse d’un prince de la poésie
Notre ami, le poète Luis Mizon, membre de l’Académie Mallarmé, nous a quittés à l’âge de 80 ans, le 30 décembre dernier. Né à Valparaiso au Chili le 22 janvier 1942, où il a vécu avant de venir en France, après le coup d’Etat du général Pinochet. Il était le fils d’une enseignante et d’un marin, mais ce sont les grandioses paysages du Sud, qui l’avaient impressionné, qui ont formé sa sensibilité poétique. Ils sont venus habiter sa poésie, « même y compris et peut-être surtout dans l’exil futur » comme le souligne fort justement notre autre ami académicien, Christophe Dauphin, qui lui a consacré un dossier dans sa belle revue des HSE. Ces paysages, il les avait découverts pendant les vacances qu’il passait à Chilian, chez une tante mariée à un riche propriétaire établi à quatre cents kilomètres au Sud de la capitale.
A l’âge de 19 ans, il publie Chambre illuminée, son premier livre de poèmes. Quatre ans plus tard, Territoire des merveilles, et en 1971, Les mots sur la table. Après ses études de droit et d’histoire, il enseigne l’histoire du droit à la faculté de Valparaiso. Mais il en est expulsé au lendemain du coup d’Etat militaire du 11 septembre 1973. Il raconte les semaines et les mois qui suivent en ces termes, comme nous le rappelle Christophe Dauphin: « Ma famille et moi, nous dûmes vivre de cadeaux de mariage ! Eléphants de porcelaine, petites tasses chinoises, cuillères en argent, lampes imitées du XIXème… Nous partîmes pour la France grâce à une bourse du gouvernement français et à la Fondation Ford. En France, je n’ai pas accepté le statut de réfugié politique, ce qui m’a éloigné du milieu littéraire de l’exil politique et m’a laissé, pour longtemps, dans une situation inconfortable mais claire : celle de penser sans censure. »
A Paris, il est l’élève de l’ami de mon père, Gaëtan Picon, qui a été Directeur des Arts et Lettres au Ministère de la Culture où André Malraux l’avait nommé et qui à présent enseigne à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Il rencontre Roger Caillois, autre ami de Georges-Emmanuel, qui s’enthousiasme pour ses poèmes qu’il traduit en français et publie dans la NRF en 1977, comme en témoigne Claude Couffon, immense traducteur de l’espagnol qui va ensuite également le traduire : « Il aimait les premiers poèmes de Luis Mizon et il les traduisit. Caillois, explorateur du mystère caché sous les apparences et défenseur des jeux secrets de la vie avait dû apprécier l’originalité de ce fils spirituel. » En effet, on le sait, Caillois depuis son retour d’Amérique du Sud où, en Argentine, il avait connu celles et ceux qui allaient devenir les étoiles de la littérature de l’Amérique latine, à commencer par Jorge Luis Borges, s’était fait leur passeur aux éditions Gallimard.
Ainsi l’œuvre si originale de notre ami, Luis Mizon, allait prendre son essor, puisqu’en 1982, il allait publier dans la collection du Monde entier aux éditions Gallimard un grand et fort livre de poèmes, Poèmes du Sud et autres poèmes, traduit de l’espagnol (chilien) par Claude Couffon. « Voici le grand arbre de brouillard vert. / Des échafaudages abandonnés l’environnent / sous le pentagramme de l’étoile / là où se perdent les chevaux sauvages / et se perdent les migrations / d’oiseaux et de papillons. » Ou encore dans un autre de ces somptueux poèmes : « Et le poème disparaît en ses propres traces / il s’est fait clandestin / comme l’or dans la mémoire des aveugles / ou la missive que porte près du cœur / le messager dans la steppe. » A ce propos, on doit mentionner, ce qu’André Pieyre de Mandiargues en avait dit : « Je crois avoir été rarement autant ému par une première lecture de poèmes que par celle de L’arbre, de Poèmes du Sud et autres poèmes de Mizon qui se présentent sous la forme d’une suite de courts fragments numérotés dont chacun a la valeur d’un épisode poétique cristallisé et clos mais qui s’enchaînent cependant, se répondent et se prolongent en se faisant écho depuis le premier jusqu’au dernier. »
J’ai eu la chance de connaître Luis Mizon et de le fréquenter régulièrement au tournant du siècle et au début des années 2000. Nous nous sommes retrouvés autour des enjeux du Manifeste de la Nouvelle Pléiade, puis de ceux de Confluences poétiques, où il avait réuni quelques uns de ses amis que nous avions associés à la Nouvelle Pléiade, comme par exemple Jean Portante et Jean Metellus. Je devais faire appel à lui, comme à eux et à Myriam Montoya, lorsque je composais l’anthologie qui parut en 2008 aux éditions Seghers. 1 Voici ce qu’il nous confiait alors : « Je ne peux pas concevoir mon exil sans une participation active à la culture qui me donne l’hospitalité. Par malheur, avant d’arriver en France, je connaissais fort peu la langue française. La faute en incombe à un malheureux pacte passé avec mon copain de banc au lycée. Lui faisait mes devoirs de français et moi ses devoirs de littérature. Pour apprendre le français, je lisais sur le pont du Donizetti (nom du bateau de la Compagnie italienne de navigation qui m’a conduit en France en octobre 1974) une édition bilingue d’Exil de Saint-John Perse. J’en avais une autre de l’œuvre de Salvatore Quasimodo pour apprendre l’italien. Je n’apprenais vraiment ni le français ni l’italien, mais j’apprenais d’autres choses tout aussi importantes. « L’exil n’est pas d’hier », me disais-je. Il n’est pas d’hier non plus le désir « d’un grand poème fait de rien », ces mots de Saint-John Perse résonnaient en moi.
Enfin j’arrivai sur le pont du Donizetti à une étrange solution. Je pouvais faire ma demeure de ce rien que je portais en moi et que je pouvais exprimer dans ma poésie. »
Quand hier, c’est-à-dire en 2022, je demandais à l’ami Luis pour ma nouvelle anthologie 2 de répondre à la question Qu’est-ce qu’être un poète ? Il m’a répondu ceci :
« Comment suis-je devenu un poète ?
Comment me suis-je débrouillé pour réaliser ma petite œuvre inachevée ?
La poésie c’est imposée à moi.
Quand ? Comment ? Ce n’est pas si facile de répondre.
C’est une compagne courageuse, drôle, aimante, nerveuse, belle ou laide, angoissée, rieuse, violente, généreuse, toujours un peu envahissante.
Je lui écris en espagnol ou en français, ce qui pour certains serait une double trahison, propre aux agents doubles de la littérature.
A l’époque lointaine où j’étais professeur dans une école de droit, elle a réapparu dans ma vie. Je l’avais rencontrée quand j’étais un enfant, à la campagne. Au départ, je pensais avoir le contrôle de la situation, loin de là ! La poésie m’a échappé et maintenant elle occupe tout le territoire de ma vie. Même les espaces vides et cachés. Rien ne lui échappe.
Elle m’appelle, je la suis, obéissant, et nous découvrons encore ensemble des territoires inconnus de moi ».
C’est ainsi qu’avec ce « rien » évoqué plus tôt, Luis Mizon a su faire de très grandes choses. Il est devenu incontestablement l’une des plus grandes voix de la poésie contemporaine, un poète majeur du dernier tiers du 20ème siècle et du premier quart du 21ème siècle. Nous sommes à la fois très heureux et très fiers de l’avoir compté parmi nos membres et nos amis de l’Académie Mallarmé.
Sylvestre Clancier
Président de l’Académie Mallarmé
1 Poésies de langue française 144 poètes d’aujourd’hui autour du monde, Anthologie présentée par Stéphane Bataillon, Sylvestre Clancier et Bruno Doucey, page 183, Seghers, 2008
2 Haute tension Poésies françaises d’aujourd’hui, Anthologie présentée par Sylvestre Clancier, page 117, Maison de Poésie / Le Castor Astral, 2022
Bibliographie de Luis Mizon : Poésie
Lejos de aqui / Loin d’ici, édition bilingue qui reprend Le bateau de terre cuite, Soudeur de murmures, Pluie de poèmes parapluie de silence, Al Fragor Ediciones, Chili, 2017
Le bateau de terre cuite, éditions Al Manar, 2017
Mata Ki Te Rangi, L’île dont les yeux regardent le ciel, île de Pâques, éditions AEncrages, 2016
Murmures du Sud, Laure Matarasso, 2014
Corps du délit où se cache le temps, éditions AEncrages, 2014
Chants à la nourrice folle, éditions Al Manar, 2013
Valparaiso, port des murmures, éditions Méridianes, 2013
Marée basse suivi de Six arbres, éditions AEncrages, 2012
Dans le grand silence indigo, éditions Folle Avoine, 2012
Le Soudeur de murmures, éditions Ecarts, 2010. Réédition Folle Avoine, 2017
La maison des sirènes, éditions Al Manar, 2010
L’oreille d’argile, éditions Al Manar, 2010
Le comptoir des papillons jaune, éditions AEncrages, 2010
Poèmes 1986-1991, réédition bilingue de Passage des nuages, L’Eclipse et Chronique du blanc, éditions Rhubarbe, 2010
Pêcheur de lune, éditions Al Manar, 2009
Ammonites, éditions Folle Avoine, 2008
La maison du souffle, éditions, La Vita felice, 2008
Poème d’eau et de lumière, éditions Al Manar, 2008
Le naufragé de Valparaiso, éditions Encrages, 2008
L’eSCargot, éditions AEncrages, 2006
Les jambes de l’abîme, Dumerchez, Paris, 2005
Le papillon déguisé, Dumerchez, Paris, 2005
La rumeur des Îles blanches suivi de Grand Erg, La Dragonne, Nancy, 2005
Jacques Lacarrière Le sacré bricolage de l’esprit, éditions Jean Michel Place, Paris, 2004
Anthologie de la poésie précolombienne, avec Zéno Bianu, éditions Le Seuil, 2000
Le songe du figuier en flamme, poèmes traduits par Claude Couffon, éditions Folle Avoine, 1999
L’Eucalyptus, poèmes traduits par Laurence Breysse, éditions Rougerie, 1998
Barbes du vent, éditions AEncrages & Co, 1997 Ombres, éditions André Biren, 1994
Jardin des ruines, poèmes traduits par Claude Couffon, éditions Obsidiane, 1992
Le Manuscrit du Minotaure texte traduit par Claude Couffon, éditions Brandes, 1992
L’Indien témoignage d’une fascination essai, éditions La Différence, 1992
La Mort de l’Inca roman, traduit par Claude Couffon, éditions Le Seuil, 1992
Chronique du blanc, poèmes traduits par Claude Couffon, éditions Unes, 1991
Le Jardin du Luxembourg texte traduit par Laurence Breysse, éditions Matarasso, 1991
Chevalier transparent, poèmes, éditions La Palimpseste, 1991
Amazones poèmes, éditions L’équipement de la pensée, 1991
Voyages et retour, poèmes traduits par Claude Couffon, éditions Obsidiane, 1989
Passion de l’Ile de Pâques texte traduit par Nathalie Bréaud, éditions La Manufacture, 1988
Noces, texte traduit par Claude Couffon, éditions Brandes, 1988
Province perdue, éditions Cahiers de Royaumont, 1988
L’Eclipse, poèmes traduits par Claude Couffon, 1988
Passages des nuages, poèmes traduits par Claude Couffon, éditions Unes, 1986. Prix Jean Malrieu / meilleur livre de poésie traduit en France.
Bassin de pluie, éditions André Biren, 1985
Le rêve d’Adriana, éditions André Biren, 1985
Terre brûlée, poèmes traduits par Claude Couffon, éditions Le Calligraphe, 1984
Poèmes du Sud et autres poèmes, éditions Gallimard, certains d’abord traduits par Roger Caillois pour la NRF (1977) et les autres par Claude Couffon, 1982
Christophe Mahy, Au bout du compte, suivi de L’âme au large, Gallimard, par Étienne Faure
C’est en deux titres que le nouveau recueil de Christophe Mahy se présente : Au bout du compte, suivi de L’âme au large. Des titres qui s’apparenteraient de prime abord à un bilan et à un éloignement en périphérie de la vie, vers ses embouts : l’enfance et la mort…
Filippo De Pisis, Mais un peu de ta grâce, traduction Franck Merger, Alidades Bilingues, par Karim De Broucker
Depuis les rives du lac d’Annecy, où est sise la maison d’édition Alidades, un bien joli papillon s’est venu poser sur le bord de nos mains : un choix de poèmes de Filippo de Pisis (1896-1956), d’ordinaire mieux connu comme peintre.
Pierrick de Chermont, M. Quelle, Poèmes en prose avec cinq aquarelles de Marianne K. Leroux, L’atelier du grand Tétras, par Karim De Broucker
Dans ce nouveau livre de poésie, Pierrick de Chermont a le toupet malicieux d’user du terme définir pour présenter son personnage éponyme comme étant « le portrait de celui ou celle qui n’en ont pas », ou bien comme « jardinier, électricien ou homme d’affaires »…
Patrick Chastenet, Introduction à Bernard Charbonneau, La Découverte, par Charles Jacquier
Déjà auteur en 2019 d’une Introduction à Jacques Ellul dans la même collection, Patrick Chastenet livre ici un utile et roboratif petit livre d’initiation aux idées de son compère personnaliste et écologiste gascon, longtemps oublié et méconnu…
Joë Bousquet, Au seuil de l’indicible, éditions Arfuyen, textes rassemblés et présentés par Claude Le Manchec
Il y a tout juste un an paraissait dans le numéro de Novembre-Décembre de la revue Europe un « dossier Joë Bousquet » (1987-1950), présenté par Jean-Gabriel Cosculluela…
Christine Guinard, Ils passent et nous pensent, éditions unicité, par Nicolas Rouzet
Ceux qui passent et nous pensent ce sont ces 450 000 républicains, réfugiés de la guerre civile espagnole, qui traversent à pied les Pyrénées à partir de février 1939, pour arriver en France où ils sont ( mal ) accueillis…
Marilyne BERTONCINI et Wanda MIHULEAC, Sable (Sand), Ed Transignum, par Murielle COMPÈRE-DEMARCY
Ici, le livre de Sable s’écoule comme le temps file entre nos doigts au rythme de la figure maternelle dont la perte ouvre une brèche, franchissable, mais inguérissable, et dont le souvenir avant l’irruption de sa survenue demeure infrangible…
Gaëlle Fonlupt, A la chaux de nos silences, ed. Corlevour, par Anne Mulpas
D’un titre – à l’oeil, ce qu’il cherche à entendre de lui-même et du monde. D’un titre, son pouvoir d’accroche, d’évocation. Ciel-qui-lit, ESPRIT ET CIE flashent quelques images en excès de vitesse…
Panaït Istrati, Présentation des Haïdoucs, L’échappée, par Charles Jacquier
Présentation des Haïdoucs est le troisième volume de la tétralogie de l’écrivain roumain d’expression française Panaït Istrati (1884-1935) Les Récits d’Adrien Zograffi, mais chacun d’entre eux peut être lu séparément et celui-ci ne fait pas exception à la règle…
Justin Delareux, Écrase-mémoire, Pariah, par François Bordes
« Poète n’est pas doué pour habiter le monde, c’est le monde qui l’habite, et fait de lui un éternel passeur d’errances. » Justin Delareux est de ceux-là…
Serge Airoldi, Micmac Mécanic, ed. de l’Attente, par Anne Mulpas
Avant, juste au seuil du Tout premier jour — Jarry & Pasolini. Carpe, écrevisse, tanche… ciel-qui-lit se fait serrer direct par un « lacet magique ». Micmac Mécanic. Quezako ?…
L’Atelier Contemporain, 10 ans, 200 livres, une Maison, par Bernadette Engel-Roux
Aujourd’hui que nous ne recevons (presque) plus de catalogues d’éditeurs (certains se rappellent peut-être ces petits cartons insérés dans chaque ouvrage et qu’il suffisait de remplir et renvoyer pour « être tenu informé de nos publications »…
François Bordes, Zone perdue, par Anne Mulpas
Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…
Alicia Dujovne Ortiz, La Maréchale rousse, par Charles Jacquier
Journaliste, biographe, critique littéraire et romancière, Alicia Dujovne Ortiz, née en 1940 à Buenos Aires, s’est exilée en France en 1978 au moment de la dictature militaire et y vit encore aujourd’hui…
Jean-Patrick Manchette, Derrière les lignes ennemies (Entretiens 1973-1993), par Charles Jacquier
Le lecteur se demandera peut-être pourquoi ce recueil de vingt-huit entretiens avec l’auteur de polars Jean-Patrick Manchette (1942-1995) porte ce titre martial, plus adapté à un traité de stratégie….
Colette Klein, Après la fin du monde, par Sylvestre Clancier
Ce livre préfacé par Antoine Spire, président du PEN Club français, est à la fois beau et fort. Il est même poignant par l’expression poétique de son auteure qui mieux que d’autres sait dire la tragédie de l’humain…
Max Alhau, En d’autres lieux, par Sylvestre Clancier
En d’autres lieux, le nouveau livre /poème de Max Alhau, transporte dans un ailleurs familier celles et ceux qui lisent et apprécient l’œuvre poétique de ce poète contemporain majeur…
Élisée Reclus, Histoire d’une montagne Histoire d’un ruisseau, par Charles Jacquier
En 1869, huit ans après la publication de son premier livre – en dehors des guides de voyage auxquels il a déjà collaboré, Voyage à la Sierra Nevada de Sainte-Marthe –, le géographe Élisée Reclus (1830-1905) publie Histoire d’un ruisseau.
Cécile A. Holdban, Osselets, par Anne Gourio
Poursuivant dans Osselets sa veille attentive du sensible, Cécile A. Holdban offre dans son dernier recueil un ensemble de très brefs poèmes associés en séries…
Matthieu Gimenez, L’étendue de la lumière, par Nicolas Rouzet
L’étendue de la lumière, c’est celle que parcourt le jour, entre l’aube, midi et la nuit, les trois temps qui ponctuent ce recueil. Il y a quelque chose du veilleur chez Matthieu Gimenez.
Julie Nakache, Le sang des filles, par Nicolas Rouzet
L’auteur s’empare du thème de la filiation, celle d’une lignée de femmes : reines-mères-guerrières-sorcières…
Dominique Sorrente, Ici ne tient jamais en place, par Nicolas Rouzet
Pas besoin de vous faire un dessin pour vous dire que Dominique Sorrente est un méditerranéen…
Gérard Bocholier, Vers le visage, Éditions Le silence qui roule, par Hervé Martin
Gérard Bocholier est l’auteur d’une quarantaine de livres de poésie. Il dirige la revue ARPA et est responsable de la rubrique poésie de l’hebdomadaire La Vie.
Florence Delay, Zigzag, par Serge Airoldi
Tout livre de Florence Delay arrive toujours avec son remarquable cortège de vivacité malicieuse, d’ardeur intacte, d’intelligence sans cesse renouvelée
François Migeot, Au fil de la chute, par Pierrick de Chermont
L’écrivain, que peut aussi être le poète, ne se recoupe pas forcément. Par exemple, entre l’essayiste de l’Art Romantique et le poète des Fleurs du mal
Jean Luc Marion, La métaphysique et après, par Pierrick de Chermont
Cet ouvrage, comme souvent chez l’académicien phénoménologue, est un récit fleuve portant sur l’enquête historique d’un concept : celui de la métaphysique
Robert Desnos, Poèmes de Minuit – par Jean-Paul Rogues
On ne peut s’empêcher de penser au dîner où un officier allemand déclare « il paraît que l’on vient d’arrêter vos deux plus grands poétes »
Frédéric Boyer, Évangiles, Gallimard – par Pierrick de Chermont
« Nous vivons en présence d’un Érasme de notre temps et nous ne le savions pas ». Voilà ce que nous nous disions lors d’une soirée suivant un récital de poésie…
Jean-Paul Bota, Lieux, éditions Tarabuste – par Étienne Faure
Voici avec Lieux le dernier recueil de Jean-Paul Bota. Un titre qui ressemble décidément à l’auteur et à toute son œuvre
Sabine Huynh, Elvis à la radio, Maurice Nadeau – par Pierrick de Chermont
Finissant ce récit, je m’écriai pour moi-même : « Que de souvenirs pour une sans-mémoire !
Pierre Bergounioux, La Gorge, Fata Morgana – par Jean-Paul Rogues
Avec La Gorge, Pierre Bergounioux entre dans le cercle de ceux, les rares qui, par leur prose, nous font franchir un seuil…
Ariel Spiegler, Le Mélange de l’eau, Corlevour – par Anne Mulpas
Soir de février — 33e jour d’hiver sans pluie, souffle Iannis devant la Nouvelle Étoile
Au lendemain matin, François notre café-retrouvailles un poème…
Stéphane Barsacq, Solstices, Corlevour – par Pierrick de Chermont
Faut-il s’intéresser à nouveau à la Morale, entendue comme un pan de la littérature où une voix exprime sa vie intérieure sous forme de monologue, d’interrogations, de quête, de résolutions ; parlant de sa vitalité et de sa misère…
François Sureau, Un an dans la forêt, Gallimard – par Pierrick de Chermont
Blaise Cendrars. Un nom, un un-ivers, et pourtant il dégage une telle prolixité qu’il décourage toute tentative d’approche. En effet, quoi de commun entre la Prose du Transsibérien, Poèmes élastiques, Moravagine, Pâques à New York, L’Or, La main coupé, Petits contes nègres, etc. ?
Ervé, Écritures carnassières, Maurice Nadeau, coll. à vif – par Pierrick de Chermont
S’il est un livre à lire en 2023, c’est bien celui d’Ervé, un récit-témoignage construit par fragments, un texte à hauteur d’homme. Une vie de dignité depuis la DDASS jusqu’aux trottoirs, avec ses défonces, ses couches de vêtements…
Séverine, L’insurgée, L’échappée – par Charles Jacquier
Sympathisante libertaire et proche de Jules Vallès, Sévérine (Caroline Rémy, dite – 1855-1929) fut l’une des premières femmes journalistes. Au cours de sa vie, elle écrira plus de 6 000 articles…
Jack London, La peste écarlate, Libertalia – par Charles Jacquier
Publié en 1912, ce court roman d’anticipation méconnu de Jack London (1876-1916) imagine le sort de l’humanité, ou de ce qu’il en reste, quelques dizaines d’années après qu’elle a été frappée par un virus meurtrier.
Guy Debord, Histoire, L’échappée – par Charles Jacquier
Après les volumes Stratégie, Poésie etc., Marx Hegel (voir Phoenix, n° 32 & 36), ce nouveau volume des fiches de lecture de Guy Debord, conservées à la Bibliothèque nationale de France, est consacré à l’histoire.
Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio
Note de lectureComme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à...
Justyna Bargielska, L’enfant des dons, éditions LansKine – par Étienne Faure
C’est en version bilingue, grand luxe en ces temps, que le sixième recueil de la poète polonaise, Justyna Bargielska, est présenté par Isabelle Macor, traductrice, qui donne quelques repères décisifs en postface pour une entrée en matière dans ces trente-trois textes…
Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure
Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.
Eric Villeneuve, Tache jaune Monochrome bleu Sorte de blanc, éditions LansKine – par Étienne Faure
Eric Villeneuve est-il un grand enfant, nourri aux contes et au Danemark d’Andersen, entre Odense et Skagen ? Cet auteur qu’on a pris l’habitude de lire sous la rubrique « roman », livre ici un recueil un rien hybride qui prend son départ dans la force des mots, leur indépendance, dont, à la source, ceux de « Jensens, Brohus Odense ».
Thierry Romagné, Trois feux de langue, éditions Rehauts – par Étienne Faure
Un recueil qui commencerait par « Ahh, ahh, brr ! » et se clôturerait par « enfin en feu » serait bien prometteur. Un texte polyglotte prêt à tout. C’est en effet ce qui arrive au lecteur en découvrant cet étonnant et riche ensemble dont certains poèmes, pour notre bonheur, avaient d’abord paru dans plusieurs revues.
Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet
Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…