Note de lecture

Sabine Huynh, Elvis à la radio, Maurice Nadeau – par Pierrick de Chermont

Sabine Huynh, Elvis à la radio, Maurice Nadeau, 2022.

Finissant ce récit, je m’écriai pour moi-même : « Que de souvenirs pour une sans-mémoire ! Ou plutôt quelle aventure s’agite avec le verbe se remémorer » !

D’abord évoquer sa forme, que raconte assez justement la table des matières : des objets, matériels ou spirituels, desquels il est impossible d’isoler la réalité vécue du travail opéré par le récit. Résultat : un paysage avec mille et une nuances, des personnages, des scènes de vie, qui rendent vibrants ce témoignage « honnête » (adjectif de l’auteur), fruit d’une liberté d’écriture d’une âme découvrant son intimité.

Bilan : cet ouvrage est le récit d’un témoignage et d’une méditation ; d’un côté, la misère et la souffrance endurée, une volonté batailleuse face à l’épreuve du déracinement et du déclassement social, les effets hallucinatoires de la faim, les blessures du regard de l’autre, une détermination à trouver une (sa ?) place ; et de l’autre, un échange sur leur fixation littéraire à travers quelques motifs (les fourmis, les araignées, Perec, Daniel et Valérie, ce livre dans les classes de C.P., avec lequel on apprenait à lire, etc.). Ainsi chaque épisode tape comme des cymbales devant son lecteur, durant lequel, pendant que l’œil-lecteur éprouve la souffrance retranscrite, l’œil-esprit écoute ses méditations sur la mémoire, l’oubli, les « réminiscences », les « fables » les « contes » dont notre enfance est peuplée ; comment cela nous travaille, et nous constitue. Par cette double entrée, témoignage et méditation, l’auteur en appelle à la compassion – on parlerait de ren chez Confucius, d’un sentiment d’humanité.

Car, remémorer, chez Sabine Huynh, signifie non pas se souvenir à nouveau, mais rendre vivant ce que fut et demeure notre enfance ; l’ouvrir à l’atemporel et à l’inaliénable (« l’éternité ») ; écrire, comme naviguer (« écrire, n’est-ce pas naviguer »), consiste à suivre une route un cap, ici celui de vouloir (choisir de) de témoigner, vouloir (choisir de) exprimer sa vie singulière pour inviter chacun, à s’y risquer à son tour. Un livre de profonde humanité, de ren.

Pierrick de Chermont

 

François Bordes, Zone perdue, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Note de lectureComme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à...

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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